Hi everyone,
Cela faisait longtemps que j'avais envie de publier un article sur ce voyage. Je n'ai jamais trouvé le temps, mais aussi par quel bout commencer.
L'Antartique fut une expérience unique, comme vous pouvez vous en douter. Il y avait l'expérience de l'Antartique, les paysages de banquises, les animaux, l'atmosphère, mais aussi le bateau, le monde marin avec l'ambiance à bord.
Le voyage avait pas très bien commencé. Je suis partie début janvier à l'époque où l'Europe croulait sous la neige, même à Madrid. Mon avion pour l'Argentine fut donc annulé. Nous sommes montés dans l'avion pour 21h30, il devait décoller à 22h, à 2h du matin, on nous informe en espagnol; bah oui Aerolinas Argentinas compagnie internationale, ne parle pas anglais, que l'avion décollera pas, à 5h j'ai une chambre dans un 3 étoiles (payé par la compagnie). Finalement l'avion décollera le lendemain à 14h. Arrivée en Argentine en pleine nuit, j'ai passé la nuit sur la banquette d'un resto. Enfin je prends l'avion pour Ushuaia qui lui aussi décollera avec du retard.
Enfin j'arrive à Ushuaie et au bateau en cette matinée de 12/01, le largage des amarres et prévu dans l'après-midi.
Commençons par le bateau, le Vaïhéré qui veut dire "fille de l'eau" en polynésien. C'est une goelette en acier de 24m de long, très bien équipée (entendez par là douche et WC, mais aussi chauffage...). Pour le reste, je n'y connais rien au bateau, je peux juste vous dire que le Vaïhéré est prévu pour naviguer en Antartique. Ce fut ma maison pour 4 semaines, tout comme les 13 autres personnes du voyage, dont 3 membres de l'équipage. Je partage ma cabine avec Pierre un homme de 60 ans, enfin j'ai de la chance contrairement à certaine cabine, la notre à une porte qui ferme. La cabine doit faire 2m carré pas plus de 3 en tout cas. Moi qui suis bordélique, j'apprends à ranger.
Finalement nous partirons le lendemain à cause du manque de vent. Nous ferons une première escale au village chilien de Puerto Williams, le village le plus au Sud du monde. Il abrite le Mi-Calvi (on y reviendra plus tard). Petit tour à terre, visite du musée des Indiens. Chose dont je ne me suis pas remise, ils font du tri selectif!!!. Puerto Williams est en faite une base militaire, l'accès est par avion ou par bateau.
Notre 2ième escale fut à Puerto Toro encore plus au sud, ici encore moins d'habitations qu'à Puerto Williams, 5 maisons, mais une école!
Nous y dégusterons des ???? acheter en contrebande contre des bouteilles de whisky. Ce sont une espèce de crabe araignée. Le pêcheur les tua vivantes devant en nous, en gros il les a écartelés à mains nus.
Je ne suis pas une grande amatrice de fruits de mer, mais je dois dire que c'était délicieux. Nous avons fait une ballade dans l'arrière pays, c'était très sauvage, pas une âme.
Enfin nous larguons les amarres pour de bon, direction le Cap Horn pour 3 jours de pleine mer, et surtout de quart. Les quart sont des périodes de 2 heures où vous restez sur le pont à surveiller. Pourquoi vous me direz et ben rien. Je me suis pelée au milieu de la nuit à regarder l'océan et son immensité, mais cela vous permet aussi d'admirer le bal des goélands, des dauphins qui suivent le bateau. Entre 2 quarts, 6heures de repos. Le mal de mer arrive, je ne suis évidemment pas amarinée, mais c'est le cas de tout le monde. La mer ça bouge, d'ailleurs le four n'est pas fixe pour suivre les mouvements de la mer qui houle. Vous vous retrouvez à traverser le bateau sans vous en rendre compte. Ou encore à avoir votre assiette et son contenu qui se font la malle. Merveilleux souvenirs de tentatives d'omelette en pleine traversée du Drake (elle a fini sur la moquette!). Après 3 jours, je vous dis pas les bleus sur les cuisses au niveau des poignets des tiroirs de la cuisine.
Enfin l'arrivée en Antartique, ce paradis blanc. Le ciel est couvert, gris, tout autour de nous des montagnes de neiges. Tout est blanc. Nous mouillons à Melchior. Un autre bateau se trouve au mouillage, allez pas croire que c'est une marina. Il s'agit de celui d'Isabelle Autissier. Celle-ci emmène 3 alpinistes dont Lionel Daudet qui ouvrent des voies en Antartique. Ils viendront d'ailleurs boire l'apéritif sur le bateau. Je vous l'ai pas dit, mais tous les soirs sur le Vaïhere il y a l'apéro! Cacahuètes, chips, blanc et bière! Ce fut un plaisir de la rencontrer et de l'écouter parler, de même pour Lionel Daudet. Ce sont tous deux, 2 Grands personnages dans leur discipline, et ils sont d'une humilité et d'une simplicité déconcertante, et ce malgré tout les exploits qu'ils ont pu accomplir. Mes chefs de service feraient bien d'en prendre note.... Petite anecdote, l'un des marins qui accompagnaient Isabelle, tient le refuge de la Croix du Bonhomme l'été, refuge que j'aime particulièrement, le monde est petit....
Après Melchior, nous naviguons doucement vers notre second mouillage, Port Lockroy. Je vous dis pas la sensation de quiétude à se laisser bercer par le bateau et regarder le paysage, le must un morceaux de classique dans les oreilles ( je recommande le 3ième mvt de la Tempête de Beethoven). Port Lockroy, ancienne base scientifique britannique reconvertie en musée/boutique souvenir tenue par des bénévoles anglaises qui n'ont pas d'eau, un poêle pour se chauffer, et pas même un zodiaque pour quitter l'île. Tout cela car la BAS=British Antartic Survey veut préserver le site comme il était il y a 60 ans. Je les trouve bien courageuses moi ces petites anglaises, car pas de douche et de vrai toilette pendant 4 mois...Port Lockroy, ce n'est pas que du shopping, c'est aussi des colonies de manchot papou (que les anglaises comptent). Quand vous débarquez, ils sont à vos pieds, vous ne devez pas les approcher à moins de 1 m, mais ce sont eux qui respectent pas la distance! Le manchot ça pu, comme une poule et cela à l'air aussi cons qu'une poule. Vous me direz sur certaines photos emmaillotée dans mon ciré, je ressemble fort à un galinacé. Mais c'est très mignon de voir les bébés avec leurs duvets de plume dormir sous leurs parents, qui se postent derrière eux selon la direction du vent, les parents donnés la becquée et les manchots plongés ou sortir de l'eau.
Nous reprenons la route, enfin la mer le lendemain. Nous arrivons le soir à côté de l'île d'Hoegvaard, près de l'entrée Sud du canal Lemaire. Nous y sommes restés 3 jours, ce fut pour moi le plus beau mouillage. Le lendemain matin, corvée d'eau. Bien que nous soyons entouré d'eau, pour ce qui est de l'eau douce, celle-ci est stocké dans des réservoirs, donc quand ceux-ci sont vides, il faut les remplir. On part avec l'annexe, des bidons, un entonnoir et un tuyau. On trouve un endroit où l'eau coule et on remplit les bidons un part un. Alors l'eau qui coule de la montagne, c'est pas une cascade, c'est un filet d'eau. Les bidons font 30l et les réservoirs 2 x 200. Je vous laisse le soin de faire le calcul, sur le nombre de trajet et le temps. La récompense, c'est la douche. Donc pour finir avec l'eau, pour la vaisselle, c'est on lave à l'eau de mer et on rince avec parcimonie à l'eau douce. Faire la vaisselle pour 14 à l'eau de mer, c'est froid!!
Fini les corvées. Nous sommes sortis en annexe dans la baie de la Salpétrière. Ben tiens, elle a le même nom qu'un grand hôpital parisien. Et oui, Charcot qui a beaucoup exploré l'Antartique, n'est autre que le fils de Charcot, grand neurologue connu pour s'être occupé de l'hystérie. Nous allons donc dans la baie de la Salpetrière, qui n'est autre qu'un cimetière d'iceberg. Il faisait un temps magnifique, chaud enfin de façon relative pour l'A. Les photos parlent d'elles-mêmes. Nous sommes rentrés et furent invités à boire l'apéritif sur le Paratii 2, bateau d'Amyr Klink, l'Eric Tabarly brésilien. Son bateau est une version améliorée de l'Antartica, bateau scientifique qu'on pouvait dans l'émission Thalassa. Nous fûmes très bien accueilli, ils nous servirent de la Caïpinrinha fait avec un alcool la cachaça, mise en bouteille sur le bateau!
L'après-midi nous firent une ballade en raquette sur l'île. Vétue de ciré, les bottes de marins au pied nous chaussâmes les raquettes, et nous nous sommes encordés sur les gilets de sauvetage. Je vous dis que la montagnarde que je suis à un peu serré les dents devant la sécurité. Mais bon cela valait le coup. Ils nous a fallut 4h pour ascensionné 400m, nous avons pris le temps de prendre des photos, de faire des batailles de boules de neige, et biensur d'admirer le paysage. La lumière sur les icebergs de la baie de la Salpétrière est une pur merveille et nous offre un spectacle sublime. Nous sommes rentrés à 22h sous une luminosité de milieux d'après-midi.
Petit détour par la pointe Charcot, d'où s'élèvent un immense cairn. Où cours de je ne sais plus quel expédition un été du début 1900, Charcot se crut condamné. Il élèva donc un cairn, où il planqua son journal de bord, pour qu'il reste une trace de son passage. Contrairement à ce qu'il pensait, il ne périt pas, et repassa récupérer le dit journal.
Nous reprirent la route pour notre mouillage le plus au Sud, la base scientifique de Verdnasky. Ancienne base anglaise, qui fut vendu aux Ukrainiens pour une livre symbolique, à condition que ceux-ci partagent les données recueillies. Nous avons succinctement visités la base, qui elle contrairement à Lockroy dispose de toilette, douche, machine à laver et connexion internet. Les "habitants de la base sont 12 hommes, la moitié sont des scientifiques, l'autre moitié des techniciens. Ils sont tous en postes pour 12 mois. Ils vivent en autarcie durant l'hiver, en gros ils sont coupés du monde pendant 8 mois, mois pendant lesquels, la lumière du jour est de 4 heures. Ils font leur propre vodka à partir des déchets compostables mais manque de chance ils n'en avaient pas quand nous sommes allés dans le bar de la base. Nous avons donc pas goûté à la mythique vodka de Verdnasky, ni aux soirées mythiques. Apparemment le personnel de la base s'était fait remonter les brettelles quelques jours plus tôt pour avoir passé une soirée très mythique.
Je vous ai parlé des apéros sur le bateau. L'avantage en Antartique, c'est que la réserve de glaçons est inépuisable, l'inconvénient, c'est qu'il faut aller chercher les glaçons dehors. On prend l'annexe, on repère un bout de glace de petite taille, on l'encercle d'une corde et on le ramène en le tirant de l'annexe! Preuve à l'appui.
Verdnasky, nous offrit un magnifique couché de soleil, comme vous pouvez le voir par vous-même. C'était l'été austral là-bas. Le soleil se couchait vers miniut pour réapparaître qqs heures plus tard. Il ne faisait jamais nuit noire. Nous étions d'ailleurs totalement décalé, petit-déj vers 8h, déjeuner 14h et diner 22h. Une impression d'éternité dans les journées, croire qu'il est 15hrs et ben non, il est 19h. C'est très agréable comme sentiment.
Après Verdnasky, nous commençons notre remontée vers le nord. Nous passons par le canal Lemaire, à la sortie de celui-ci une très belle surprise nous attend. Nous croisons un groupe d'une demi-douzaine d'orques. C'est rare, nous avons donc une grande chance. Ce qui est encore plus rare, c'est qu'ils nous offrent un spectacle de chasse au phoque. Le principe, sortir la tête de l'eau, à proximité d'un iceberg, après avoir repéré sur celui-ci un phoque, renversé l'iceberg et le phoque par la même occasion. Après essayer d'attraper le phoque. Etape la plus difficile, qui nous a valu de voir des rondes et des rondes d'orques affamés autour du pauvre animal. Au final, ils ne l'ont pas attrapé et sont allés reproduire le même schéma plus loin.
Nous mouillons près d'une base militaire chilienne Président Gabriel Gonzales, bien que l'Antartique soit censée être démilitarisée... Sur cette base une boutique : capitalisme quand tu nous tiens. Mais aussi fait rare, un manchot blanc, qui est un albinos. Je croiserai aussi un manchot jugulaire, bcp plus fréquent qu'un albinos mais plus rare que ces collègues gentoo.
Puis arrive notre dernier mouillage à côté de l'épave d'un baleinier le Governor, plutôt bien conservé pour son age. Par une belle journée nous visitons les îles avoisinantes, on y trouvent des restes de la pêche à la baleine : tonneaux et autre barques.
Puis vient le moment tant redouté de quitter le paradis blanc. Nous prenons le large en fin d'après-midi. Un joli coucher de soleil nous accompagnent. Re 3 jours de pleine mer, malade plus qu'à l'aller et puis enfin après toutes ces quarts, on aperçoit le Cap Horn, pour l'occasion nous débouchons une bouteille de champagne, dont la première gorgée et réservée à Eole et à Neptune pour les remercier.
Nous mouillons à l'île Lennox, il y a une maison avec un gardien, de quoi, je ne sais pas. Nous faisons une agréable promenade dans l'arrière de l'île, c'est très sauvage, verdoyant, magnifique. Je me baigne, enfin aller-retour dans l'eau, car elle est quand même à 5°C. Bien que des paparazzi ont réussi à faire qql clichés peu avantageux, je vous fait grâce de ceux-ci.Pas de photo des ces après-midis buccoliques. Pour des raisons administratives, nous retournons à Puerto William. Nous passons la soirée au Mi-Calvi, bateau échoué reconverti en bar, mythique des contes de marins. J'y dégusterai plusieurs Pisco sour, boisson alcoolisée chilienne, à tel point qu'à 5hr du matin, en partant du bar, le bateau bien qu'échoué tanguait sacrément!
Dernière journée de naviguation, nous passons devant le phare des Eclaireurs, qui signe l'entrée dans la baie d'Ushuaia. Nous arrivons à celle-ci sur une musique d'Archive, voilà. C'est fini pour ce qui est du bateau. Pour notre dernière soirée, nous allons dna sun resto français sur les hauteurs de Ushuaia "Chez Manu", que je vous recommande.
L'Antartique c'était magnifique, si vous avez des questions et des commentaires, n'hésitez pas. Je publierai un article avec des photos d'animaux de là-bas. Et préparez-vous à acceuillir bientôt Lucy.
